Pesticides, conservateurs et autres contaminants dans l'alimentation, des sujets qui nourrissent régulièrement les médias, qu'en est-il de l'alimentation pour les bébés ? Le SFAE Secteur Français des Aliments de l'Enfance a souhaité rassurer les parents naturellement inquiets en organisant début septembre une rencontre à laquelle j'ai pu assister en compagnie de la Secrétaire Générale du SFAE et du Dr Alain Bocquet, pédiatre et initiateur du projet mpedia.
L'alimentation des bébés est l'alimentation spécifique des 0-3 ans (bio ou non bio) comprenant les laits, les céréales, les petits pots ou les laitages. Elle répond à une réglementation française et européenne (en vigueur en France depuis 1976) bien plus stricte que l’alimentation adulte afin d’assurer une couverture optimale des besoins nutritionnels de bébé tout en tenant compte de sa fragilité.
Des contaminants dans l'assiette de bébé
Les aliments infantiles, conçus en collaboration avec des experts de la nutrition infantile, permettent de couvrir les besoins nutritionnels du petit enfant jusqu’à 3 ans en lui apportant la juste dose en glucides, protéines, lipides, sel, minéraux et vitamines. TOUS les aliments destinés aux enfants de moins de 3 ans sont garantis sans conservateurs, sans colorants, sans édulcorants. Ils subissent en moyenne 165 contrôles tout au long de la production : 100 contrôles sur les matières premières alimentaires, 50 contrôles en cours de production, 5 contrôles sur les matériaux d’emballage ou au contact du produit, et 10 contrôles sur le produit fini.
La qualité et l'innocuité sont toujours assurées pour les aliments des bébés. Les matières premières mises en oeuvre dans la fabrication des aliments de l’enfance, répondent à des exigences réglementaires strictes et doivent impérativement passer avec succès les contrôles de sécurité drastiques qui réglementent, notamment, leur teneur en certaines substances.
C’est ainsi que dans les aliments de l’enfance, les limites autorisées pour la présence de pesticides et de nitrates sont respectivement 500 fois et 10 fois plus strictes que pour l’alimentation courante ! Les teneurs en nitrates ou mycotoxines sont réduites au maximum, les teneurs en pesticides doivent être proches de 0 (< 4 à 10 µg/kg d’aliment). L'utilisation de certains pesticides est interdite sur les produits destinés aux nourrissons. Depuis 2013, le Bisphénol A (BPA) est interdit dans les matériaux en contact avec les aliments pour les bébés.
Du côté des additifs, la surveillance est également drastique : seuls 53 additifs sont autorisés contre 400 pour les aliments courants ! Si un des additifs autorisés est mis en oeuvre il est obligatoirement étiqueté. De même, si un aliment de l’enfance contenait des OGM, il en serait obligatoirement fait mention sur l’étiquette.
Le bio ou le non bio pour mon bébé ?
L'achat de petits pots bio pour bébé est un choix des parents, l'objectif du bio repose sur 3 points : culture sans pesticides, bien être animal et moins d'ingrédients ou substances chimiques au final. Le bio repose sur une obligation de moyen. Pour les produits pour bébé il faut une garantie de résultat que le produit soit obtenu via la culture bio, raisonnée ou classique. "Les petits pots bio doivent être présents sur le marché car s'ils n'existaient pas, de nombreux parents se tourneraient alors vers des produits bio pour adultes qui comme mentionné précédemment ont une réglementation beaucoup moins stricte." note le Dr Bocquet. Il a complété ce propos en mentionnant que le rapport de l’AFSSA (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, re-baptisée ANSES en 2010) publié en 2003 indique que les aliments issus de l'agriculture biologique présentent peu de différences nutritionnelles par rapport aux aliments issus de l'agriculture conventionnelle. En 2009 en Angleterre la Food Standards Agency (ANSES anglaise) a analysée 162 études scientifiques sur ce sujet au cours des 50 dernières années et a conclu aux mêmes résultats avec de faibles écarts entre les deux catégories en terme d'apports nutritionnels. Enfin en mai 2010 Mr Pascal et Mr Guéguen (INRA) n'ont pas mis en évidence d'avantage nutritionnel. Cependant le Dr Bocquet mentionne qu'à l'heure actuelle il n'y a pas d'études menées sur la prévention santé. Une grande étude BioNutriNet est menée sur 100 000 personnes (vous pouvez vous inscrire si vous le souhaitez) qui consomment ou non du bio et (notamment) l'impacte du type de consommation sur les maladies chroniques. Cela permettra certainement de donner quelques clés de réponses quand à l'avantage de la consommation du bio dans l'assiette de nos bébés. Dans tous les cas, sur le plan sanitaire, il est tout de même clair maintenant que l'agriculture bio aide à prendre soin de la santé en éliminant les risques associés aux produits phytosanitaires et contribue à limiter la pollution environnementale.
Pourquoi de l'aluminium dans les préparations pour bébés (laits principalement) ?
Ce métal est présent partout dans la terre, l'eau, les céréales. Il est donc normal dans retrouver dans les préparations pour bébés. L'aluminium n'est jamais ajouté mais il est présent à cause des procédés de fabrication (utilisation d'ustensiles ou machines contenant de l'aluminium), processus d'épuration de l'eau ou de certaines molécules chimiques ou encore directement dans les matières premières. "Les laits dans lesquels de l'aluminium a été décelé était tout de même bien en dessous de la limite autorisée en alimentation infantile" mentionne le Dr Bocquet.
En cuisine chez vous : Si vous souhaitez limiter l'apport d'aluminium dans l'alimentation de votre bébé limitez l'utilisation d'ustensiles de cuisine fabriqués en aluminium comme les casserole, cuillères...
Le sel mentionné parfois sur les étiquettes des produits pour bébés?
Le sodium est présent naturellement dans les aliments, dans l'eau, dans le lait... Sa consommation en grande quantité engendre des problèmes de tension artérielle et d'addiction. Plus vous en donnerez à votre bébé plus il salera ses repas par la suite. Selon les modes de cuisson du sodium peut être perdu et les producteurs de petits pots en ajoutent. C'est un exhausteur de goût intéressant c'est pourquoi dans certains petits plats qui peuvent avoir un goût particulier, du sel peut être ajouté mais toujours dans des quantités adaptées ne dépassant jamais par exemple les 370mg/jour pour un bébé entre 6 et 12 mois ou encore 1000mg/jour à 12 mois. Dans un aliment infantile, la quantité en sel est 3 fois moindre que celle contenue dans un plat ordinaire (1). Pourtant, on constate que 95% des enfants de plus d’1 an ont des apports en sel supérieurs aux recommandations européennes (2) !
En cuisine chez vous :Une pincée de sel apporte 350mg de sodium. Au cuiseur vapeur il n'y a pas de perte de sodium des aliments. Donc, pour ne pas rendre votre enfant dépendant au sel ne salez pas ses préparations au moins jusqu'à ses 2-3 ans, il aura ce qu'il faut en sodium via son alimentation.
Du gras dans les aliments pour bébés ?
Les besoins lipidiques du nourrisson sont 3 à 5 fois plus élevés que chez l’adulte (1) 45% des apports caloriques du bébé proviennent de la matière grasse (c'est pour cela que la lait de maman est si gras). Or, on constate qu’à partir de 12 mois, plus de 80% des enfants ont des apports en lipides inférieurs aux apports moyens recommandés (3) !
Les huiles contenants des oméga-3 sont à favoriser comme l'huile de colza, noix ou soja. Et en moindre quantité mais à proposer aussi les huiles végétales contenant des oméga-6 comme celle de tournesol. Il est très important de proposer également des graisses animales notamment celle de poisson avec des acides gras à chaîne longue que l'on trouve dans les poissons gras notamment. Dans les préparations infantiles c'est généralement de l'huile de colza (et tournesol parfois) qui sont ajoutées pour des questions de coûts.
En ce qui concerne l'huile de palme que l'on va retrouver dans les laits infantiles. L'acide palmitique représente un quart de la graisse du lait de maman il est donc nécessaire d'en ajouter dans les laits infantiles. Il peut provenir soit de l'huile de palme soit du beurre. L'avantage de l'huile de palme est qu'elle n'est pas chère, qu'elle améliore la texture et qu'elle ne rancit pas mais sa production est une vraie catastrophe écologique, c'est pourquoi certains industriels se tournent vers le beurre un peu plus cher au final pour le consommateur.
En cuisine chez vous : Variez les apports en matières grasses contenant des oméga-3, huile marine et oméga-6. Ajoutez une cuillère à café dans la purée du midi jusqu'à 12 mois puis 2 jusqu'à 2 ans et 3 ensuite. Il faut ajouter la matière grasse crue directement sans la cuire pour qu'elle conserve toutes ses propriétés. Si vous avez un doute achetez un mélange d'huiles bio adapté à bébé type Quintesens.
Les protéines elles viennent d'oû ?
Les apports en protéines via la viande, le poisson, les oeufs sont indispensables pour la construction du cerveau, elles représentent 5 à 8 % de l'apport énergétique cependant elles doivent être limitées dans l'alimentation de bébé. Dans la réalité, on constate que la grande majorité des enfants de moins de 3 ans en consomment 4 fois plus que nécessaires. Les parents végétariens souhaitent proposer ce type de régime à leur bébé proposeront plus de lait ou d'oeuf et veilleront à cuisiner les plats à base de protéines végétales avec des éléments favorisant leur assimilation. Les régimes végétaliens sont très déconseillés pour un nourrisson.
Les préparations infantiles respectent ce cahier des charges et ne dépassent pas les quantités de protéines à apporter à bébé. C'est pourquoi il est préférable de ne pas donner un petit plat contenant de la viande ou du poisson étiqueté 12 mois à un bébé 8 mois même s'il aime ça. Les poissons peuvent contenir des polluants, PCB (polychlorobiphényles), métaux lourds mercure... Dans les petits pots pour bébés, tous ces éléments sont quantifiés et leur absence ou présence en faible quantité obligatoire. La traçabilité des viandes est poisson est clairement établie dans les préparations pour bébés.
En cuisine chez vous : Respectez les quantités de viande, poisson et oeuf à donner quotidiennement c'est à dire : 10g/jour avant 1 an, 20g/jour entre 1 et 2 ans puis après 2 ans 30g/j. Le reste des protéines est apporté par le lait et les produits laitiers (environ 500-800ml selon l'âge de bébé). Pour les poissons, vous ne pouvez doser chez vous les substances nocives. Cependant les poissons notamment pour leur matière grasse reste très intéressants. Il est bien de donner 1 fois par semaine du poisson gras (saumon, sardine, maquereau, hareng) et 1 fois du poisson maigre. A éviter dans l'assiette de bébé les poissons prédateurs en bout de la chaîne alimentaire comme l'anguille, le barbon, l'espadon, le marlin, le requin, le siki...
Il y a du sucre dans les préparations pour bébé, pourquoi ?
Les édulcorants sont interdits dans les petits pots et autres préparations pour bébés. Le sucre n'est pas interdit, comme dans les préparations maison, il n'est pas à bannir de l'alimentation mais à ne pas utiliser en excès. Dans les petits pots pour bébé le sucre est déjà mis pour que les parents n'en mettent pas en excès. Le Dr Bocquet a mis l'accent sur le fait que les sirops ou les jus de fruits sont sucrés et qu'un verre de jus de raisin contient autant de sucre voir plus qu'une verre de coca. Le sucre proposé en grande quantité pendant l'enfance peut engendrer des caries, de la prise de poids et une accoutumance au goût sucré.
En cuisine chez vous :Ajoutez une cuillère à café de sucre pour 'faire aimer' un aliment au goût particulier ou pour apporter une touche plaisir occasionnel c'est suffisant.
Les laits pour nos bébés
Jusqu’à 3 ans, le lait occupe une place essentielle dans l’alimentation des petits, qu’il s’agisse de lait maternel ou de laits infantiles (préparation pour nourrisson jusqu’à 6 mois puis préparation de suite jusqu’à 12 mois) animaux ou végétaux.
Avant 1 an, le top est le lait de maman mais lorsque la maman ne souhaite pas ou ne peut pas allaiter, les laits infantiles (animaux ou végétaux mais INFANTILES) sont la seule alternative recommandée. En version poudre ou liquide, en pharmacie ou en grande surface, ils répondent parfaitement aux besoins nutritionnels des petits et sont encadrés par une réglementation européenne stricte qui les soumet à de hautes exigences de qualité et de sécurité.
Après 1 an et jusqu’à 3 ans, en accompagnement de l’allaitement maternel ou seul, le lait de croissance est le complément indispensable à une alimentation diversifiée. Ce lait couvre les besoins
en nutriments de l’enfant.
Il est important d’écarter les autres laits d’animaux et les jus végétaux !
Les laits d’ânesse, de chèvre, de jument, de brebis sont néfastes pour la santé des enfants de
moins de 3 ans parce que trop riches en protéines et susceptibles de provoquer, dans le cas du lait de
chèvre en particulier, de graves allergies.
Les jus végétaux (amande, soja, châtaigne, noisette, riz…) sont très dangereux pour la santé du tout petit parce que trop pauvres en calcium, en minéraux, en AGE (acide gras essentiels) et en protéines : ils peuvent provoquer de graves allergies, des retards de croissance et des désordres métaboliques.
En cas d’intolérance voire d’allergies aux protéines de laits de vache, des laits infantiles à base d’hydrolysats de protéines de riz, vendus en pharmacie (à ne pas confondre avec le “lait de riz” que l’on trouve en grande surface qui est en réalité un jus végétal) sont une alternative : demandez conseil à votre pharmacien.
Pour conclure
Les petits pots et autres préparations étiquetés 0-3 ans (et non les préparations pour enfants de plus de 3 ans) font l'objet qu'une réglementation stricte et de nombreux contrôles rendant les aliments spéciaux pour bébés surs que ce soit en bio ou non. Il est intéressant de les liés à une alimentation maison pour que l'enfant puisse participer à la préparation ou voir ses parents en cuisine, goûte des saveurs du patrimoine culinaire familial car la gamme des produits disponibles pour les bébés n'est pas extensible alors que les petits plats maison sont multiples mais attention de bien cuisiner selon l'âge de son bébé en respectant notamment ses 5 règles...
Sources :
(1) EFSA (European Food Safety Authority) Scientific Opinion on nutriment requirements and dietary intention of infants and young children in the European Union
EFSA Journal 2013;11(10):3408 doi: 10.2903/j.efsa.2013.3408
(2) Etude Nutri-Bébé SFAE 2013, volet Crédoc
(3) Briend A, Legrand P, Bocquet A, Girardet JP, Bresson JL, Chouraqui JP et al. Lipid intake in children under 3 years of age in France. A position paper by the Committee on Nutrition of the French Society of Paediatrics. Arch Pediatr. 2014 Apr;21(4):424-38 doi: 10.1016/j.arcped.2013.12.026
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